ENFANT

« Pourquoi mon enfant ne veut pas goûter  de nouveaux aliments »

 

Comprendre ce comportement :

La construction du goût d’un enfant est dépendante de deux éléments :

Dès la naissance le bébé perçoit naturellement (de façon innée) 6 saveurs: sucré, salé, amer, acide, umami, gras. Il est naturellement attiré par les saveurs sucré, salé et gras, qui correspondent aux aliments les plus riches en énergie. Par contre, il éprouve un dégout (aversion) naturel pour la saveur amer (le plus souvent présente dans les légumes).

Par ailleurs, comme le souligne le sociologue Claude Fischler, les goûts ou aversions innées peuvent être modelés, modulés ou même inversés par l’influence sociale et l’immersion dans une culture donnée.

Cela débute très tôt dans la vie puisque, quand la mère consomme certains aliments (ex : vanille) pendant la grossesse ou lors de l’allaitement, le bébé appréciera ces mêmes aliments lorsqu’il les consommera plus tard au cours de la phase de diversification alimentaire. Cela est dû au fait que les saveurs des aliments consommés par la mère passent dans le liquide amniotique et le lait maternel et sont perçus par le bébé.

Ainsi, un enfant dont la mère consomme régulièrement des légumes au cours de sa grossesse aura ainsi tendance à apprécier plus facilement les légumes, malgré leur saveur amère.

Au fil du temps l’enfant va construire ses propres attirances et dégouts alimentaires en fonction des ressentis associés à la consommation des aliments dans ses différents espaces de vie (crèche, famille, amis…). Cette relation à l’alimentation est d’ordre symbolique (ex : « la petite madeleine de Proust ») et peut amener à consommer certains aliments en excès à cause de leur charge affective.

La première phase de cette construction est la «néophobie alimentaire» (Néo = nouvelle / Phobie = peur) qui apparaît aux environs de 18-24 mois pour s’atténuer le plus souvent après 6 ans.

C’est une étape « clef » dans le développement de l’enfant puisque  3/4 des enfants entre l’âge de 2 et 10 ans sont réticents à goûter des produits inconnus.

La fonction originelle de cette phase de néophobie alimentaire est sans doute de protéger le mangeur humain de ce qui est inconnu et donc potentiellement toxique.

 

Comment m’y prendre pour gérer le refus de mon enfant face à des aliments nouveaux (réactions, trucs et astuces…) :

Chez les parents, ces difficultés entrainent généralement un mélange d’agacement et de sentiment d’impuissance, renforcé par la médicalisation de l’alimentation.

Certains parents baissent les bras, d’autres emploient la forces, d’autres utilisent le chantage affectif ou matériel.

Ces réactions peuvent entraîner une relation compliquée avec certain(s) aliment(s) qui sont rejetées définitivement car source de contraintes ou de tensions (ex : un adulte qui ne mange plus d’épinards car vecteurs de souvenirs désagréables…).

Cependant, certaines attitudes peuvent favoriser le retour à une alimentation diversifiée et être favorables à un comportement alimentaire serein.

1) Diversifier l’alimentation le plus possible avant la période de néophobie alimentaire :

  • L’introduction précoce de fruits et légumes pendant la phase de diversification alimentaire (entre 4 et 6 mois) est associée à une plus forte consommation de ces aliments à l’âge de 2-5 ans.
  • Laisser le bébé dans la cuisine lors des temps de préparation du repas lui permet de s’habituer aux odeurs des aliments (et de les lui faire déguster).
  • Une consommation de légumes cuisinés « maison » avant 6 mois est associée à une plus forte consommation de fruits et légumes à l’âge de 7 ans.

2) Avoir des attitudes appropriées :

  • L’environnement des repas doit être paisible et agréable afin que l’enfant associe l’aliment présenté à un souvenir positif.
  • Les personnes présentent au moment du repas sont un exemple pour l’enfant qui reproduira leurs comportements (rythme alimentaire, choix des aliments, convivialité autour de la table…)
  • Le refus alimentaire d’un enfant doit être respecté et compris afin de ne pas entrer dans le conflit. L’appareil sensoriel d’un enfant est en pleine construction et donc différent de celui d’un adulte. Un refus ne signifie pas une aversion définitive, il est donc nécessaire de continuer à proposer l’aliment plusieurs fois (lors de repas différents).
  • Dès qu’il est en capacité de parler, il est important que l’enfant puisse verbaliser ses ressentis afin de comprendre ses goûts et dégoûts alimentaires. Ces informations permettront aux adultes de pouvoir  éventuellement proposer l’aliment sous une forme plus agréable pour l’enfant en variant l’aspect, la texture, les odeurs, le gout  (ex: légumes vapeur ègratin de légumes, cake aux légumes…).

L’équilibre alimentaire ne se construit pas sur un repas, la néophobie alimentaire comme d’autres phases du développement de l’être humain est temporaire, elle ne remet pas forcément en cause tous les apprentissages précédents.

D’autres causes peuvent être à l’origine de refus alimentaire. En cas de doute, il est préférable d’aller consulter son médecin traitant.